Le Château aux Lions est, comme beaucoup de splendeurs oubliées, un édifice néo-gothique du XIXe siècle. Allez savoir, les styles architecturaux éclectiques, souvent les plus artistiques puisqu’ils laissent une liberté à leurs constructions, sont les plus dépréciés. Qualifiés de lubies insensées, la rigueur des goûts leur préfère les bâtisses épurées et laisse ces trésors de côté. Le néo-gothique est mon style préféré puisqu’il mêle l’imaginaire médiéval au XIXe siècle, donnant vie à des bâtisses détaillées qui touchent parfois au fantastique. Comment ne craquerais-je pas devant mes deux périodes artistiques favorites ?
Nous sommes tombés sur ce château un peu par hasard. Regardant les images de vestiges néo-renaissants bretons, mon oeil fut attiré par cette façade grandiose. Suite à quelques recherches, nous avons pu nous rendre sur les lieux assez facilement. Dans un quartier résidentiel tout ce qu’il y a de plus ordinaire, se dressait une entrée faramineuse : suivre le chemin qu’elle ouvrait nous mena sur un vaste terrain où se déployait cette bâtisse et ses dépendances, encore en bon état.
Datant d’après mes recherches du XVe siècle, le château a été reconstruit à la fin du XIXe. Malheureusement, l’histoire de ses premières décennies reste inconnue. Il m’a été également impossible de retrouver ses premiers propriétaires ou son architecte.
Réquisitionné par l’Etat au milieu du XXe siècle, le château accueillit diverses formations d’une ville d’un autre département. Il fut ensuite vendu à un investisseur étranger dans les années 90, qui avait le dessein d’en faire un hôtel de luxe. Ce projet fut, pour des raisons inconnues, très vite avorté, et le propriétaire reste depuis totalement injoignable. Encore un lieu magnifique pour lequel il n’y a pas d’issue …
Au niveau architectural, le château impressionne par ses nombreuses tours mais aussi par ses hauts-reliefs décoratifs : de nombreuses créatures y figurent et en font un véritable bestiaire. Y sont représentés des habitants de nos campagnes comme le corbeau ou le cerf, des animaux exotiques comme le lion ou le gorille, mais aussi des figures échappées de mythes comme le phénix ou le dragon. Une pièce merveilleuse, proche de l’entrée, comporte une vingtaine de ces sculptures. À l’étage également, un chevalier veille sur les lieux, accompagné de nombreux blasons ornementaux. En outre, ces lieux réunissent ce qu’il y a de plus noble entre leurs murs. Et leurs bases ne sont pas moins empruntes de mystère puisqu’il s’y déploie des souterrains, phénomène emblématique de la région.
Cette visite nous a émerveillés et a été sublimée par l’atmosphère pluvieuse qui nous a accompagnés. Elle restera dans nos mémoires.
À bientôt pour de nouvelles découvertes.