𝗙𝗔𝗚𝗥𝗔𝗗𝗔𝗟𝗦𝗙𝗝𝗔𝗟𝗟
Depuis le 19 mars, 21h40, une éruption volcanique s’est déclarée dans la péninsule de Reykjanes, dans le sud-ouest de l’Islande, tout près de la capitale nationale Reykjavik. Au milieu de la vallée désertique Geldingadalur, le Fagradalsfjall a donné naissance à un premier cratère et ne cesse d’épancher sa lave depuis.
L’ensemble volcanique de Geldingadalur est un système peu actif, entrant en éruption tous les 800 ans environ pour de longues durées. Le Geldingadalsgos (l’Éruption des Castrés) est située sur le flanc sud de Fagradalsfjall, une montagne-volcan de 230 mètres. Au sein de cette dépression géographique, une faille s’est ouverte sur environ 200 mètres et plusieurs cônes se sont créés. Depuis lors, les cratères se sont multipliés, répandant des coulées de lave puis des éruptions sous forme de jets atteignant plusieurs dizaines de mètres.
En ce début d’année scolaire, l’éruption est toujours présente sous forme de coulées et continue de remplir la vallée de Nátthagi.
13 mai 2021, 21h26.
Troisième visite au volcan.
Je me rends au volcan dès les premiers jours post-quarantaine, le 20 avril, découvrant, après une rude randonnée sur une terre caillouteuse et instable, le sang terrestre pour la première fois. Quatre cratères, entourés de piscines et de rivières de lave, donnent à voir un impressionnant paysage de contrastes acérés et de reliefs vifs. La lave encore liquide est toujours approchable, qu’elle soit sous forme de coulées débordant du fleuve de feu continuellement alimenté ou sur les bords du champ de lave où scintille, sous une surface noire dont les motifs laissent deviner les mouvements passés, de la roche enflammée.
Deuxième visite, le 6 mai, le paysage a bien changé : le champ de lave s’est considérablement étendu et surtout, il ne reste qu’un seul cratère actif, depuis lequel la lave jaillit comme l’eau d’un geyser.
Le 13 mai, lorsque je réalise cette photographie, l’activité volcanique est similaire, même si l’extension du champ de lave a continué. Depuis début mai, on ne peut plus approcher du volcan autant qu’auparavant : les règles de sécurité ont été renforcées après que des touristes se sont amusés à marcher sur la lave. Cela dit, nulle barrière, le champ est libre. Les visiteurs commencent à revenir dans le pays, je n’aurai sûrement pas d’autre occasion de réaliser cette photographie : lançons-nous.
Ma première intention était de réaliser une photographie au drone, afin d’obtenir le point de vue zénithal d’une silhouette près d’une coulée de lave. Au bout de deux visites, je me suis aperçue que cela serait impossible d’un point de vue logistique et sécuritaire. Me voici donc partie pour une improvisation à l’appareil photo !
Je descends non sans mal la colline pentue et glissante du point d’observation et me retrouve à quelques mètres de la lave refroidie. Mon appareil photo a subi les affres du froid et à peine allumé, sa batterie trop faible clignote déjà. Ni une ni deux, je vérifie que je suis camouflée par la pente et me déshabille, protégée par mon sac de couchage. S’ensuivent quelques rapides minutes de prise de vues durant lesquelles les gaz et la fumée affluent et des pierres et cendres sont projetées depuis le cratère jusqu’à moi. De plus, je dois faire plusieurs allers-retours vers l’appareil photo posé à terre afin de vérifier que les prises de vue ont bien été déclenchées, la connexion entre le boîtier et le téléphone qui me sert de déclencheur étant plus qu’hasardeuse. Bon, un tiers seulement des photographies a fonctionné : nous ferons avec !
Comments are closed.