Le Pensionnat des Cimes

Après plusieurs heures à parcourir les routes escarpées et sinueuses du Sud de la France, j’arrive enfin dans un petit village typique où ne retentissent que le clocher de l’église et les aboiements d’un chien qui semble réfractaire aux visiteurs.
Quelques minutes de marche et j’aperçois, derrière un grillage affaissé par le temps, l’impressionnante porte écarlate d’une chapelle sur les murs de laquelle sinuent des ronces envahissantes. Je pénètre alors dans l’enceinte des lieux et me dirige vers la gauche, où les bâtiments plus récents semblent avoir été construits ou rénovés dans les années 50. Cette aile présente des entrées plus dégagées et je m’engage dans l’une d’entre elles, une arche de pierre ouvrant la voie d’un large couloir. Cette visite étant la première que j’effectue seule, ce n’est pas sans un certain effroi que j’entame cette découverte.

Le couloir de pierre mène à une cour intérieure : j’ai alors tout le loisir de contempler le bâtiment m’entourant. La chapelle aperçue à mon arrivée scelle l’entrée du collège, alors que les autres ailes, comportant trois étages, sont construites dans un style plus épuré. D’ici, je m’aperçois qu’il ne reste de la plupart des fenêtres que l’encadrement et les volets, qui me causeront bien des frayeurs par leurs grincements et claquements. De plus, une partie du toit de l’aile faisant face à la chapelle est effondré, favorisant les courants d’air.

La plupart des pièces que je visite sont des salles de classe ayant conservé leur charme d’antan. Pupitres en bois, tableaux à la craie et même quelques manuels d’époque demeurent dans l’oubli. Ici, le cours du temps s’est arrêté depuis la fermeture des lieux, dans les années 60.

Au rez-de-chaussée se trouve également le garde-manger, dont les étagères sont organisées à l’aide de belles étiquettes minutieusement écrites à la main. Ici, conserves et autres denrées étaient entreposées afin de remplir la cuisine de l’établissement.

Plus haut, je trouve des salles imposantes qui ont été rénovées avec plus ou moins de goût. Peintures vives et néons de métal et de plastique ont été ajoutés aux lieux.

La visite de ce collège catholique du XIXe siècle peu visité par les passionnés d’urbex a été un ravissement, et je déplore qu’un bâtiment dont l’architecture a nécessité tant de soin soit abandonné après si peu de temps d’usage.
Cette première visite solitaire d’un grand bâtiment m’a également permis d’expérimenter la visite de la France Oubliée d’une tout autre manière. J’avais auparavant pu visiter quelques maisons ou lotissements abandonnés seule et l’inquiétude de tomber sur des squatteurs m’avait suivie tout du long. Cette fois-ci, le risque de tomber sur des personnes ne m’a pas troublée, mais les aboiements des chiens alentour se cognant entre les murs délabrés et les brutaux claquements du vent, retentissant par dizaines, m’auront fait subir une tension psychologique encore jamais atteinte en exploration.

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